Les quatre points cardinaux sont trois : le sud et le nord

Projet d’Andres Labarca – Compagnie Ni Desnudo Ni Bajando La Escalera – Chili

Bâtir, habiter, penser

Ce titre d’un ouvrage de Martin Heidegger pourrait résumer la démarche d’écriture qui anime cette compagnie créée au Chili en 2015 par une bande d’artistes d’univers, d’esthétiques et de disciplines différentes. Leur premier projet intitulé NI DESNUDO NI BAJANDO LA ESCALERA, littéralement « Ni nu ni descendant l’escalier », fait référence au tableau de Marcel Duchamp et donnera son nom à leur collectif. Leur collaboration oriente plusieurs axes de travail : la nécessité de partir d’un espace, celui du quotidien, empreint d’un grand réalisme, et d’une qualité plastique forte. Cette recherche sur l’espace, les installations, les objets, les matières, les liens entre l’intérieur et l’extérieur, se construit en dialogue avec l’écriture sonore, et l’écriture du mouvement.

Création 2023 : Les quatre points cardinaux sont trois : le sud et le nord

Dans un bâti, un accident aurait précédé leur arrivée. Cette maison aurait été ravagée par les flammes. On se représente une vieille maison, à étage, brulée, en perpétuel mouvement par sa fragilité structurelle, par son histoire et par la vie qui y persiste à l’intérieur. Quelques fenêtres sont encore intactes, à travers lesquelles on aperçoit un bout de paysage, les objets sont éparpillés ici et là, quelques uns sont complètement calcinés, d’autres ont fondus à même le mur, telle l’horloge de Dali, méconnaissables. Cet espace pourrait exister seul et présente un intérêt artistique de manière autonome.

Sa confrontation avec deux acrobates ouvrira un dialogue qui permettra de détourner à la fois les objets de leur fonction première, mais aussi le mouvement circassien lui-même. Peut-être qu’à travers ces personnages, ils raconteront leur rapport au passage du temps, aux traces que laissent les évènements, à la non linéarité de nos évolutions. La maison comme métaphore de vie, conserve sa structure, sa coquille, mais connait une évolution qu’elle maitrise parfois, et qui la dépasse souvent.

Le point de départ de l’écriture de ce spectacle est réellement scénographique. C’est le contexte et le cadre dans lesquels évoluent les personnages qui vont les guider vers leurs histoires et leurs singularités. D’où leur attirance accrue pour les scénographies représentant une maison, chargée de l’histoire du monde, de son époque et de ses habitants.